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Mon hygiène anti-cancer, Mesurer son exposition aux risques pour mieux prévenir

SANTÉPublié le 4 février 2020

Une personne sur deux sera touchée par le cancer au cours de sa vie, un chiffre que l’on peut infléchir en modifiant son comportement à bon escient.

Avec le concours du Pr Béatrice Fervers
Cancérologue, Auteur avec Martine Perez de Cancer, quels risques ? Éd. Quae

 

L’incidence des cancers est en augmentation. Pourtant, la maladie est loin d’être une fatalité. 40 % des cancers sont dus à des causes évitables et pourraient être évités. Reste qu’il est difficile d’adopter un mode de vie préventif face à l’avalanche d’informations complexes, souvent anxiogènes et parfois contradictoires, des médias. Le Pr Béatrice Fervers nous aide à démêler le vrai du faux et fournit quelques clés pour mieux évaluer notre hygiène de vie et nous prémunir efficacement.

Nous avons tous dans notre entourage un grand-père octogénaire qui a fumé toute sa vie ou une jeune femme décédée d’un cancer du poumon sans avoir jamais touché une cigarette. Pour beaucoup, le cancer relève de la loterie et un certain fatalisme est de bon ton. Il est vrai que le cancer est une maladie multifactorielle et que le tabac n’est pas une cause nécessaire et suffisante en elle-même pour développer un cancer du poumon. Reste que les statistiques sont formelles : le cancer du poumon frappe davantage les fumeurs que les non-fumeurs, et les buveurs excessifs sont davantage atteints par le cancer de l’oesophage que les abstinents.

Tel père, tel fils ?
Autre idée reçue incitant à la résignation, le poids de l’hérédité. « 90 % des personnes interrogées estiment que les facteurs génétiques jouent un rôle important dans l’apparition du cancer », regrette le Pr Fervers. « Dans les faits, les mutations génétiques héréditaires sont impliquées dans seulement 5 à 10 % des cas alors que 40 % des cancers sont attribuables à nos comportements », rappelle le médecin. Quatre cancers sur dix pourraient donc être évités si les Français limitaient leur exposition aux facteurs de risque. Faut-il encore savoir quels sont ces facteurs et bien comprendre leur impact...

Non, tout ne donne pas le cancer
Le tabac, l’alcool, l’obésité, le manque d’activité, etc. : tout semble donner le cancer, aujourd’hui, et à moins de vivre comme un ascète au fond du Larzac, il peut paraître parfois difficile de lui échapper. Il n’en est rien : pour le médecin, tous les comportements ne génèrent pas les mêmes risques et il est important de pouvoir hiérarchiser ces derniers pour adopter un mode de vie plus sain. La preuve, on observe une stabilisation, voire une diminution d’un certain nombre de cancers, comme celui du col de l’utérus grâce à la pratique du frottis cervico-vaginal ou celui de l’estomac depuis que la consommation de sel est moindre ; idem des cancers ORL dont l’incidence a diminué en même temps que le tabagisme chez l’homme. Il suffit souvent de quelques efforts d’adaptation dans la vie de tous les jours pour changer la donne ; votre médecin et votre pharmacien sont là pour vous conseiller.

Quel est mon risque si...

... Je fume

« Le tabac est le seul produit courant qui, utilisé comme prévu par les fabricants, tue la moitié de ses consommateurs réguliers », met en garde le Pr Fervers. C’est le premier facteur de risque évitable : il est responsable de près de 20 % des cancers et il est à l’origine de 80 % des cancers du poumon, bien loin devant la pollution. « Contrairement aux idées reçues, la mortalité par cancer du poumon chez la femme est d’ailleurs en train de dépasser celle par cancer du sein, en raison de l’accroissement du tabagisme au féminin », déplore le médecin.

Qu’est-ce que je fais ?

L’arrêt du tabac est la seule prévention. « La diminution sans sevrage total n’est pas une stratégie efficace ,» pour le Pr Fervers. « Le risque de développer un cancer est lié à la dose de tabac absorbée, mais aussi, et surtout, à la durée du tabagisme et à l’âge de début. Si on consomme deux fois plus de tabac, on double son risque d’avoir un cancer du poumon, mais si on en consomme deux fois plus longtemps, on multiplie cette fois son risque par 20. Quelqu’un qui fume dix cigarettes par jour pendant dix ans, puis s’arrête, voit diminuer son risque avec le temps, tandis que celui qui fume cinq cigarettes par jour et continue de fumer s’expose au bout du compte à un risque bien supérieur, même si, au total, les deux personnes ont fumé la même dose de tabac cumulée. »

... Je bois

Il est communément admis qu’un petit verre de vin quotidien fait du bien, notamment en raison des polyphénols qu’il contient et de leur effet protecteur des parois artérielles. Cependant, les études médicales récentes démentent les effets bénéfiques du vin et de l’alcool sur la santé. « Ce n’est ni plus ni moins la deuxième cause de cancer évitable », explique le Pr Béatrice Fervers. « 8 % des nouveaux cas de cancer sont imputables à l’alcool, selon une étude du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC)*. La consommation de boissons alcoolisées augmente le risque de cancer des voies aérodigestives supérieures, de l’oesophage, du foie, du côlon, du rectum mais aussi du sein chez la femme. En cause, notamment, l’acétaldéhyde, un agent génotoxique contenu dans les boissons alcoolisées qui se forme lors de la dégradation de l’éthanol ; l’éthanol qui pourrait également abîmer nos muqueuses ou augmenter leur perméabilité aux autres cancérogènes ». * Données pour l’année 2015.

Qu’est-ce que je fais ?

Moins on boit, mieux c’est, et ce, quel que soit le type d’alcool consommé, car ce qui importe, c’est la quantité d’alcool pur ingéré et non le type de boisson. « Si on ne peut pas s’en passer, on limite autant que possible sa consommation à dix verres par semaine en ne dépassant pas deux verres par jour ; le risque est alors faible sans être nul ,» explique le Pr F ervers. « C’est important, aussi, de réserver des jours sans alcool et d’éviter les consommations massives en peu de temps ; elles augmentent davantage le risque de cancer que les consommations plus raisonnées et étalées. »

... Je suis sujet(te) au stress

Le stress et les moments douloureux de la vie sont souvent considérés par les gens comme un facteur déclenchant ou aggravant du cancer. « Mais la plupart des études sur la question présentent des résultats contradictoires et ne permettent pas, dans l’ensemble, d’établir un lien de causalité entre stress et cancer », explique le Pr Fervers. En revanche, des événements stressants de la vie peuvent favoriser les comportements à risque comme la consommation d’alcool ou de tabac. Un stress chronique peut aussi faire le lit de l’obésité, un facteur établi de risque de cancer. Le stress peut donc être une cause indirecte de cancer. Le stress diminue-t-il la résistance immunitaire ? « Là encore, les études sont contradictoires et sur toutes ces questions, les recherches sont loin d’être terminées. »

... Je vis dans une ville polluée

La pollution atmosphérique suscite de nombreuses inquiétudes parmi les gens. Le CIRC l’a classée sur la liste des facteurs avérés de cancer pour l’homme, en particulier de cancer du poumon. « Dans le monde, elle serait à l’origine de 223 000 cancers chaque année. Si le risque au niveau individuel est faible, l’impact sanitaire reste notable puisque la quasi-totalité de la population est concernée. » Ce chiffre est toutefois à relativiser, comme le rappelle le Pr Fervers : « En France, la proportion de cancers du poumon attribuable à la pollution atmosphérique est estimée à 4 % tandis que la cigarette en provoque 80 % ». Reste que la pollution joue aussi un rôle dans le développement d’autres maladies comme l’asthme.

... Je suis en surpoids

L’assiette des Français est trop calorique et trop riche en sel, gras et sucre. Parallèlement, le pourcentage des personnes sédentaires a explosé. Un cocktail toxique, comme le souligne le Pr Fervers, à l’origine de 12 % des cancers en France. 5 à 6 % des cancers sont imputables à l’obésité en raison des perturbations métaboliques et hormonales qu’elle entraîne, 5 à 6 % sont attribuables à une assiette déséquilibrée et 1 % sont dus à la sédentarité. « Des travaux du CIRC ont mis en évidence une augmentation des risques de 20 à 50 % en cas de surpoids, voire de 50 à 80 % en cas d’obésité en ce qui concerne les cancers du sein (après la ménopause), du côlon, du cardia gastrique, du foie et de la vésicule biliaire entre autres cancers. »

Qu’est-ce que je fais ?

Il n’y a pas d’aliments anti-cancer miracles. C’est important, d’essayer de garder la ligne, de consommer au moins cinq fruits et légumes par jour, soit environ 400 g, et de privilégier les aliments complets riches en fibres. Le sel et les plats industriels ultratransformés sont à éviter autant que possible.

... Je mange de la charcuterie

Critiquées pour leur impact environnemental, charcuterie et viande rouge sont aussi pointées du doigt pour des raisons de santé. La viande transformée, incluant la charcuterie, est classée comme cancérogène par les experts du CIRC , et la viande rouge comme cancérogène probable. Leur consommation est associée à une augmentation du risque de cancer colorectal. Certaines études suggèrent aussi un risque accru de cancer de l’estomac, du pancréas et de la prostate notamment. Toutefois, si les preuves sont avérées, notamment en ce qui concerne la charcuterie, le risque reste modéré. Le CIRC a estimé que la consommation de charcuterie est responsable de 1,3 % des cancers en France et celle de viande rouge de « seulement » 0,6 % des cancers.

Qu’est-ce que je fais ?

Il suffit de réduire sa consommation. Les Français mangent trop de viande rouge et surtout trop de charcuterie, selon un avis récent du Haut Conseil de la santé publique. Le CIRC invite à limiter sa consommation de viande rouge à 500 g hebdomadaires, et à 150 g celle de charcuterie (les Français en consomment environ 270 g) en privilégiant le jambon blanc.

... J'ai des rapports non protégés

Le cancer n’est pas contagieux mais certains cancers résul tent d’une infection causée par un virus. C’est le cas, notamment, de l’infection à papillomavirus humain HP V. La plupart du temps bénigne, cette infection peut être à l’origine du cancer du col de l’utérus, du cancer de l’anus et de la gorge. Le HPV se transmet lors de rapports sexuels avec pénétration, mais aussi par de simples caresses ou frottements intimes ou encore lors de pratiques orales. On estime à 6 300 le nombre de cancers attribuables au HPV chaque année en France.

Qu’est-ce que je fais ?

Le port des préservatifs est indispensable en l’absence de relation stable mais reste insuffisant. Le dépistage précoce des lésions précancéreuses du col de l’utérus devrait être systématique chez les femmes tous les trois ans. Par ailleurs, il existe un vaccin anti-HPV recommandé pour toutes les filles entre 11 et 14 ans, et en rattrapage pour toutes celles de 15 à 19 ans. Dans certains pays, les garçons sont aussi vaccinés. « En Australie, ce virus et les cancers associés sont en passe d’être éradiqués, mais notre pays est hélas à la traîne à cause de la défiance des Français pour les vaccins ,» regrette le Pr Fervers.

... J'ai un smartphone

L’utilisation des téléphones portables suscite nombre d’interrogations et controverses. La plupart des experts internationaux estiment que l’on est loin d’avoir démontré un risque pour la santé en ce qui concerne le cancer. Une étude parue en 2010 avait suggéré qu’un risque accru de tumeur du cerveau pouvait peutêtre être lié à l’usage du portable. Depuis, une vaste étude danoise portant sur près de 360 000 personnes entre 1990 et 2007 concluait à l’absence de variations significatives dans l’incidence des tumeurs du cerveau entre les abonnés au téléphone portable et les non abonnés. Si aucun événement sanitaire majeur n’a par ailleurs été observé depuis l’explosion du téléphone portable dans les années 1990, « reste que le cancer est une maladie qui se développe sur plusieurs décennies ; le recul reste donc insuffisant, aujourd’hui, pour savoir si dans dix à 30 ans des risques non observés actuellement apparaîtront », met en garde le Pr Fervers.

Qu’est-ce que je fais ?

En vertu du principe de précaution, les autorités recommandent l’utilisation d’un kit mains libres, l’achat d’un téléphone avec un indice de débit d’absorption spécifique faible. Appelé DA,S cet indice mesure l’émission maximale de radiofréquence du téléphone. Enfin, l’exposition des enfants, plus vulnérables que les adultes, doit être limitée au maximum. Et bien sûr, on ne dort pas à côté de son téléphone.

 

Les programmes de dépistage du cancer

Le cancer du col de l’utérus avec frottis, recommandé chez les femmes de 25 à 65 ans tous les 3 ans.

Le cancer du sein avec mammographie, recommandé pour les femmes de 50 à 74 ans tous les 2 ans.

Le cancer colorectal avec test immunologique, recommandé pour les hommes et femmes de 50 à 74 ans tous les 2 ans.

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