
Cancer : Garder (ou retrouver) le moral en dépit des traitements
Angoisse, colère, tristesse : l'annonce d'un cancer provoque toujours une avalanche d'émotions. La maladie affecte le corps aussi bien que l'esprit. Le laboratoire Biogaran vient d'éditer un tout nouvel opus entièrement dédié aux émotions et au cancer, une approche originale et pragmatique afin d'aider les patients à mieux vivre cette épreuve. Rencontre avec Giacomo de Falcon psycho-oncologue, et Isabelle Boillet, coordinatrice du projet.
COMMENT L’IDÉE DE CONSACRER UN LIVRE UNIQUEMENT AUX ÉMOTIONS DU CANCER VOUS EST-ELLE VENUE ?
Nous avons édité des livres sur la nutrition et l’activité physique, des ressorts essentiels pour faire face à la maladie. Mais il nous est apparu tout aussi nécessaire d’accompagner la dimension psychique. Le cancer bouleverse notre quotidien et nous extirpe de notre zone de confort. L’incertitude dans laquelle il nous plonge éveille des émotions violentes. Si elles s’installent durablement, elles finissent par alimenter une souffrance psychologique continue qui perturbe la vie quotidienne, la relation avec les proches et affecte le bon suivi des soins. Trop souvent sous-estimée, cette souffrance peut même amplifier les symptômes de la maladie comme les effets indésirables des traitements.
VOUS INVITEZ LES GENS À APPRIVOISER LEURS ÉMOTIONS, COMMENT ?
Nous ne sommes pas du tout éduqués, dans notre société, à comprendre nos émotions. Le premier réflexe est plutôt de les mettre de côté, mais paradoxalement, plus on cherche à fuir la tristesse ou l’angoisse, plus on leur donne de l’importance. C’est au contraire en apprenant à identifier et faire face à nos émotions qu’on peut les vivre plus sereinement. Leur laisser de la place pour s’exprimer plutôt que de les enfouir est bien moins énergivore.
COMMENT FAIRE FACE À CE MAELSTROM INTÉRIEUR ?
Il est important de prendre conscience que l’on aura besoin de parler de son ressenti à un moment ou l’autre de son parcours, peu importe que cela soit à un psychologue ou à une personne de son entourage. Le fait de mettre des mots, d’ordonner le brouhaha qui règne dans notre tête, c’est déjà 50 % du travail. Si vous allez voir un psychologue, il n’est pas nécessaire de dévoiler toute votre vie. Souvent, quelques séances suffisent pour clarifier des questions en suspens et soulager le poids émotionnel que représente cette épreuve.
FAUT-IL EN PARLER À SES PROCHES ?
Leur cacher la situation risque vite de devenir problématique, des difficultés vont se présenter et ils ne pourront pas comprendre. À chaque fois que l’on dissimule la réalité à un être aimé, on érige un mur. Il est toutefois préférable d’avoir travaillé sur ses angoisses et accepté la situation avant d’en parler.
ET SI ON PLEURE ?
On a le droit de pleurer, devant ses enfants notamment, cela leur apprend qu’il est possible d’avoir des épreuves dans la vie qui nous rendent tristes.
PEUT-ON VRAIMENT SURMONTER SES ANGOISSES ?
Nous avons tous des angoisses à des degrés divers, on ne peut pas les éradiquer totalement, mais on peut faire en sorte qu’elles ne prennent pas toute la place. On peut vous annoncer un cancer le matin, et l’après-midi vous vous faites écraser : personne ne sait de quoi l’avenir est fait, l’important, c’est d’être dans l’ici et maintenant plutôt que de céder aux scénarios anxiogènes de notre imagination. Cela peut sembler difficile, au début, mais cela s’apprend, des soins de support comme la sophrologie, la méditation, le yoga peuvent aider. Apprivoiser son imagination est un exercice à la fois bénéfique et très sensé. J’aime beaucoup cette phrase de Mark Twain : « J’ai eu beaucoup de problèmes, dans ma vie, dont la plupart ne sont jamais arrivés ! ». J’ai eu des patients à qui on donnait six mois et qui sont toujours là après 10 ans.
COMMENT FAIRE FACE AU SENTIMENT D’INJUSTICE ?
C’est la fameuse question du pourquoi moi ? Elle est tout à fait naturelle, mais c’est lorsqu’on commence à s’en éloigner que l’on se sent mieux. Simplement parce qu’il n’y a pas de réponse à cette question ! C’est quand vous abandonnerez la question du pourquoi que vous reprendrez le contrôle de votre vie, même avec la maladie.
VOUS DEMANDEZ BEAUCOUP AUX PATIENTS…
Bouger, faire attention à ce qu’on mange, à ce qu’on pense, c’est être acteur de son traitement et c’est important. La passivité est délétère, très vite les patients se sentent comme des objets trimbalés d’un traitement à l’autre avec le sentiment de ne rien pouvoir faire, cela conduit vite à la dépression. Quand on est fatigué, quand on en a assez, on peut aussi (en accord avec son médecin) appuyer sur pause et suspendre les traitements pour partir en vacances.
Aller plus loin
Mieux dans ma tête avec le cancer sur Laboratoire Biogaran :
www.contrelecanceronfaitequipe.fr