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Ces fausses croyances qui minent le couple

BIEN-ÊTREPublié le 24 avril 2024

Et s'il fallait renoncer à ses illusions sur l'amour pour préserver sa vie de couple ? Une mise à distance souvent difficile, mais salutaire pour la psychologue Camille Rochet.

Pourquoi un livre sur les fausses croyances et l’amour ?

C. R. : Parce que beaucoup d’idées reçues viennent polluer l’entente des couples. Nous avons tous hérité depuis notre enfance de représentations sur ce que devrait être « une véritable histoire d’amour ». Je reçois beaucoup de personnes qui pensent qu’un couple harmonieux devrait être passionné ou complice ou drôle ou égalitaire, etc., et sont malheureuses ou frustrées, car leur couple ne correspond pas à cette représentation. Mais ce que nous tenons pour des vérités objectives relève bien souvent de convictions personnelles, qui peuvent être très différentes d’un partenaire à l’autre. Très souvent j’entends dire « s’il m’aimait, il ferait ceci ou cela ». Mais ce n’est pas nécessairement vrai pour l’autre conjoint. Ce dernier peut exprimer son amour à travers d’autres gestes qui ne sont peut-être pas appréciés non plus comme ils le devraient par son partenaire. Il y a beaucoup d’incompréhensions.

Des relations fluides ne sont-elles pas pourtant signe d’un couple qui fonctionne bien ?

Ce n’est pas parce que l’on s’aime que tout doit être spontané et simple, loin de là. C’est peut-être vrai au début. Les amoureux sont dans la projection et se renvoient des images tellement magnifiées qu’ils sont plus enclins à faire des efforts et des compromis ; dans cette phase narcissique, tout est léger, facile. Mais c’est rarement le cas dans la durée, la relation perd inéluctablement de sa spontanéité. C’est particulièrement vrai en matière de sexualité. La question de la spontanéité du désir est sans doute la plus grande ambiguïté du couple. Le désir au bout de dix ans ne peut pas être le même, c’est pourquoi il faut en prendre soin, se ménager des moments privilégiés… Croire que le désir doit être spontané, c’est aller tout droit dans l’impasse. Mais que l’on se rassure, ce n’est pas parce que la fougue n’est plus la même que l’amour n’est plus là ou qu’il est moins fort.

Est-il nécessaire de partager les mêmes intérêts ou est-ce encore une idée reçue ?

J’entends régulièrement dire « nous sommes trop différents, nous n’aimons pas les mêmes choses ». Mais s’aimer n’implique pas d’être heureux de tout faire ensemble, il s’agit d’une croyance répandue, surtout chez les personnes fusionnelles. Le couple se compose de deux êtres différents et indépendants avec des personnalités et des goûts propres. Partager des passions rapproche. Mais on peut former un couple harmonieux où chacun a un espace de liberté pour cultiver ses propres intérêts et où chacun fait aussi des efforts pour partager les activités de l’autre. C’est d’ailleurs dans les efforts de chaque conjoint que s’exprime vraiment l’amour.

On peut donc former un couple harmonieux en étant très différents

Les conjoints n’ont pas besoin d’être d’accord sur tout. Aspirer à la paix et la sérénité en couple n’exclut pas la confrontation d’idées contraires. Ce n’est que grâce à cela que votre confiance se consolide, car vous restez vrais et authentiques l’un vis-à-vis de l’autre. Cependant, je crois qu’il y a un juste équilibre à trouver entre différences et similarités. Je reçois beaucoup de couples aujourd’hui avec des cultures, des religions et des valeurs différentes. La différence crée une vraie complémentarité, mais elle est d’autant plus riche qu’elle est soutenue par des points communs solides que vous continuez à cultiver.

Les réseaux sociaux ont-ils aggravé nos projections sur le couple ?

La relation de couple est beaucoup plus ambivalente que les images fantasmées et lisses véhiculées par les réseaux sociaux. Dans un couple on s’ennuie, on peut être heureux de voir l’autre partir quinze jours, être en panne de désir, cela ne veut pas dire que l’amour n’est plus là. Mais c’est la maturité qui nous apprend à accepter les ambivalences et les fluctuations de l’existence.

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