Qu'est-ce que l'amour véritable ?
On croit aimer, mais aime-t-on réellement ? Grand amour ou simple désir ? À l'heure où les médias exaltent l'intensité et la passion, comment savoir si l'on aime vraiment? Le regard de notre spécialiste.
Si l’on parle d’amour véritable, c’est qu’il est facile de se tromper et de prendre pour de l’amour ce qui ne l’est pas vraiment ?
Disons qu’avant l’amour véritable, il y a une phase – normale, obligatoire et même fantastique – qu’on appelle communément coup de foudre ou état amoureux. Il se différencie du véritable amour car il est de l’ordre d’une passion subie.
C’est un état où nous sommes victime de ce qui se passe biologiquement à l’intérieur de nous. C’est le moment des papillons dans le ventre, du cœur qui bat... On ne voit pas l’autre tel qu’il est, mais au travers d’un prisme biaisé par nos hormones et qui nous amène à mettre en sourdine notre esprit critique.
L’amour véritable ne peut-il commencer qu’à l’issue de cette phase sublimée ?
Oui, c’est l’étape suivante. Il est sublime, aussi, mais différent. Néanmoins, la transition entre la première étape et la seconde dépend de l’intensité, la rapidité avec laquelle on traverse la phase de désillusion. Phase, normale, où on devient acteur de notre relation. Est-ce que cet état amoureux dure trois ans comme on veut bien le dire ? Impossible de répondre. Est-ce que cela dépend des épreuves traversées ensemble ou de notre degré d’ouverture ? Il y a de fortes chances. Mais en réalité, l’amour véritable ne dépend pas de règles ou de circonstances extérieures. Il naît d’une décision et d’une prise de conscience...
Si ce ne sont pas les papillons dans le ventre ou le cœur qui bat la chamade des premiers émois, quels sont les signes du véritable amour ?
Tout d’abord, nous voyons enfin l’autre tel qu’il est. Et nous avons décidé de l’aimer précisément pour cela. Nous nous engageons personnellement dans une relation qui demande d’accepter tout ce qui constitue l’autre, y compris ses différences et ses décalages par rapport à nous-même et nos attentes initiales.
Que se passe-t-il quand on accepte l’autre tel qu’il est ?
Prenons un exemple. Lorsque l’autre nous agace, au lieu de nourrir notre colère et notre déception, nous prenons du recul, communiquons et entrons dans un état d’ouverture. Nous devenons curieux de ce qu’il se passe en lui, en nous. La différence de l’autre est alors prise comme une invitation à un nouvel angle de vue pour comprendre l’origine de nos divergences et une opportunité de faire preuve de moins de rigidité. Nous comprenons ainsi l’histoire et la vulnérabilité de notre partenaire.
L’amour véritable est donc aussi une question de vulnérabilité ?
Oui. Mais la vulnérabilité n’est pas une faiblesse. La vulnérabilité constitue simplement ce qui nous touche, nous émeut. Lorsque nous sommes suffisamment ouvert et curieux pour comprendre cela de l’autre, il se sent profondément compris et nous, de notre côté, profondément utile. La vulnérabilité, c’est là où passe la lumière de chacun. C’est cet accueil véritable et cette acceptation mutuelle, qui rend le véritable amour sublime, salvateur et très agréable.
Et après ?
L’amour véritable se coconstruit tout au long d’une relation. Il n’est pas épargné par les crises. Il se vit dans une logique permanente de croissance à la fois commune et individuelle : je participe à la croissance de mon partenaire et j’accepte de laisser une partie de moi se transformer dans le cadre de notre relation. Je choisis et je crée cette décision à chaque instant. En retour, l’amour véritable me donne accès à des expériences de vie inouïes, authentiques, enrichissantes, capables me faire grandir et de lisser mes vieilles blessures.